Chapitre 1
Appartement des Oswald – Lawson
Le réveil indiquait cinq heures sept. Morgan sortit avec précaution de sous les draps afin de ne pas réveiller Eleanor et se redressa. Depuis cette nuit fatidique où son père avait péri, il ne dormait presque plus. Il passa ses mains sur son visage. Quelle poisse ! Encore une merveilleuse nuit, pleine de merveilleux rêves ! Il sortit du lit, enfila une robe de chambre et quitta la chambre. Lorsqu'il arriva près de la cuisine, il constata qu'il n'était pas le seul à ne pouvoir trouver le sommeil. Il entra :
« - Fergus ? !
- Oh ! Bonjour Monsieur Morgan.
- Vous êtes bien matinal ?
- Le jour se lève à cinq heures ici, je n'ai pas vraiment l'habitude.
- Comme moi.
- Vous voulez un thé ? J'allais m'en préparer un.
- Merci… – Morgan semblait réfléchir. – Dîtes-moi Fergus… Vous pensez que je devrais leur révéler toute la vérité ?
- Cette décision revient à vous seul. Mais, sachez qu'un jour ou l'autre, il faudra le leur dire. A mon humble avis, vous devriez d'abord leur laisser le temps de s'habituer à cette nouvelle situation, ensuite, vous ferez ce qu'il conviendra de faire.
- … Ouais…
- Il y a autre chose ? – Fergus déposa une tasse devant Morgan.
- … Le parchemin. Comment allons-nous procéder ? Il n'y a trace de cette langue nulle part. Même les plus grands archéologues ignorent jusqu'à son existence. – Il poussa un profond soupir. – A Glasgow j'aurais eu les moyens d'entreprendre des recherches, mais ici… je n'ai ni travail, ni matériel… Il faut que je trouve cette clé Fergus ! C'est essentiel ! Je le sens, je le sais, là, tout au fond de moi…
- Je ne peux vous répondre. Mais on trouvera la solution. Votre père avait tout planifié, absolument tout. Cet endroit, c'était son idée. Il y a une raison à tout ceci, j'en suis persuadé…»
Morgan ne répondit pas, mais il n'en pensait pas moins. Son père, que dieu lui pardonne, qu'il pouvait le haïr en cet instant précis ! Le bruit de la bouilloire le tira de ses pensées.
Quelque part sur la route
Une paire de lunettes de soleil sur le nez, Gabriel regardait le paysage défiler par la fenêtre de la voiture qui le conduisait à L'Université. Gêné par le silence qui régnait dans le véhicule, il soupira et tenta d'entamer la conversation :
« - Dîtes-moi Sean, ça fait longtemps que vous travaillez avec le Capitaine Patterson ?
- Non. – Répondit simplement le sergent Erickson.
- Ah… Et… dans l'ensemble vous vous entendez bien ?
- Oui.
- …Vous savez dire autre chose que oui et non ?
- Ecoutez. Vous n'êtes pas obligé de me faire la conversation.
- Je voulais juste me montrer aimable.
- Je ne vous ai rien demandé.
- … Bien… »
Gabriel reporta son attention vers l'extérieur. Quel cadeau ce Sean ! Il n'aurait pas pu rêver mieux. Soudain, il vit se profiler derrière les arbres, l'imposante silhouette de son nouveau campus. Le quatre-quatre s'arrêta :
« - Voilà, vous y êtes.
- Bon, ben... – Fit Gabe en sortant du véhicule. – Merci.
- Y'a pas de quoi. »
Gabe ferma la portière, regarda l'auto s'éloigner, secoua la tête, et prit la direction de la Faculté.
Université LaFayette
Assis depuis une dizaine de minutes devant le bureau de la Doyenne , Gabriel attendait que cette dernière puisse le recevoir. Attendre, toujours attendre. Il ne faisait que ça depuis trois semaines. Ce qu'il voulait, c'était une occupation, quelque chose qui puisse lui faire oublier la mort de son père, du moins, pour un petit moment. La porte du bureau s'ouvrit, enfin :
« Monsieur Oswald, s'il vous plait. »
Gabe s'exécuta. La Doyenne , Madame Sullych, était une femme d'une quarantaine d'années, à la fois élégante et à l'air autoritaire :
« - Voyons… Votre dossier m'a l'air en règle… Université de Glasgow… Criminologie… résultats plutôt satisfaisants… Bien. – Elle releva la tête et regarda Gabriel. – Tout d'abord, je tenais à vous souhaiter la bienvenue à LaFayette, Monsieur Oswald. J'espère que vous vous sentez prêt à démarrer cette première journée avec nous. Sachez qu'ici les cours commencent à huit heures et se terminent à dix neuf heures, que tous nos étudiants ont accès aux diverses structures et activités proposées par l'établissement comme le journal de l'Université, la bibliothèque ou le gymnase. Sachez également que je veille personnellement au bien être de mes étudiants. Si vous rencontrez un problème, quel qu'il soit, n'hésitez pas à venir me trouver, ma porte sera toujours ouverte. Par contre, s'il vous venait à l'idée de passer outre notre règlement, je me verrais dans l'obligation de vous sanctionner, le renvoi définitif étant la peine maximale… Et bien voilà, je pense vous avoir tout dit. Avez-vous des questions ?
- Et pour mon emploi du temps ?
- Vous pourrez le retirer auprès de ma secrétaire lorsque vous sortirez de ce bureau. Autre chose ?
- Non, vous avez été très claire.
- Dans ce cas, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. – La Doyenne se leva suivie de Gabriel et ouvrit la porte. – Bonne journée à vous, Monsieur Oswald.
- Vous de même, et merci. – Il serra la main qu'elle venait de lui tendre et sortit. »
L'amphithéâtre, bondé, baignait dans la demi-obscurité. Les yeux rivés sur l'écran géant où était projeté un tableau à double entrée, les étudiants écoutaient les explications de leur professeur tout en prenant quelques notes. Gabe descendit les marches de l'allée centrale et s'installa à l'unique place libre qu'il avait pu repérer. La jeune fille qui se trouvait à sa gauche se retourna et le dévisagea pendant une fraction de seconde :
« - Nouveau ?
- Bien vu.
- Holly, Holly Jude.
- Moi c'est Gabriel, mais tout le monde m'appelle Gabe
- Ravie. T'es en retard.
- Je sais, j'ai eu un mal fou à trouver l'amphi.
- Un conseil, essaies d'être à l'heure à ce cours-ci, le Professeur Gray a horreur des retardataires.
- Merci pour l'info. Dis-moi, vous en êtes où exactement dans le programme ?
- Les libertés individuelles.
- Génial ! – Gabe esquissait un petit sourire.
- …?
- J'ai déjà étudié ce chapitre dans mon ancienne fac.
- Ah ouais ? Tu pourrais peut-être m'aider ? Y'a deux ou trois points que je n'ai pas compris.
- Sans problème.
- Super. »
Sur ce, Holly se reconcentra sur les paroles du Professeur Gray tandis que Gabe sortit un stylo et un carnet de notes, prêt à travailler. Il allait enfin pouvoir s'occuper l'esprit. Ce n'était pas trop tôt. Ce sentiment de contentement disparut, cependant, aussi vite qu'il était venu. Gray était un professeur aussi transparent qu'ennuyeux. Discours monotone, lent, il fallait lutter pour ne pas s'endormir. Au bout de quelques minutes, les yeux de Gabe commencèrent à se fermer et sa tête lui parut beaucoup plus lourde. C'est alors qu'il entendit un son étrange, une espèce de grésillement, accompagné de chuchotements.
Ils ne doivent pas recommencer… jamais… les en empêcher… qu'ils brûlent en enfer…
Le jeune homme sursauta. D'où pouvaient bien provenir cette voix ? Elle était différente, terrifiante. Il jeta un coup d'œil sur la rangée du dessous et sur les étudiants qui se trouvaient à proximité. Rien. Peut-être qu'il s'était assoupi et qu'il avait rêvé cette voix. Oui, ce ne pouvait être que ça. Il secoua la tête et attendit patiemment la fin du cours.
Chapitre 2 >>> >>>