ORIGIN

Ces peurs qui nous hantent

 

 

Staring:

Scott Speedman… Morgan

Heath Ledger… Gabe

Patrick Stewart… Fergus

Forbes March… Garret

Jennifer Garner… Eleanor

Elisha Cuthbert… Holly

 

Avec:

Taye Diggs… Abrahams

Andrea Parker… La femme mystérieuse

  

Guest:

Penny Johnson Jerald… La sorcière vaudou





Précédemment dans Origin :

Patterson s'adressa à Gabriel :

« - Au fait, vous commencez les cours à l'Université de Lawson dès demain matin.

- Quoi ? ! – Intervint l'intéressé – Je suis inscrit à l'Université ici !

- C'est exact. – Il s'avança vers le jeune homme et lui remit une enveloppe. – Tenez.

- Merci… – Fit le garçon ne sachant quoi répondre. »

 

Gabe descendit les marches de l'allée centrale et s'installa à l'unique place libre qu'il avait pu repérer. La jeune fille qui se trouvait à sa gauche se retourna et le dévisagea pendant une fraction de seconde :

« - Nouveau ?

- Bien vu.

- Holly, Holly Jude.

- Moi c'est Gabriel, mais tout le monde m'appelle Gabe »

 

Ils franchirent une porte à doubles battants et se retrouvèrent dans un hall identique à celui de l'étage supérieur. Les deux nouveaux amis poursuivirent leur route en direction du self.

Vous brûlerez tous en enfer, tous ! ! !

« Quoi ? ! – Gabe s'arrêta net. Son cœur avait cessé de battre pendant une fraction de seconde. »

 

« - Je t'écoute. – Morgan s'adressait à son frère, le coude posé sur le dessus du canapé.

- Ca a recommencé… La petite voix dans ma tête…[...]

- Et tu veux mon consentement pour mener ton enquête.

- Comment tu le sais ? – Gabriel était plus que surpris par la réponse de son aîné.[...]

- Fais ce que tu as à faire. »

 

Gabriel prit une grande inspiration et s'immergea en vidant l'air de ses poumons pour se retrouver accroupi au fond du bassin. Là, il ouvrit les yeux et vit une forme floue se dessiner devant lui. Doucement, il s'approcha. Les contours se firent plus nets, puis ce fut la vision d'horreur, tout droit sortie d'un film de série B. Un visage livide en état de décomposition dont quelques lambeaux de chairs se détachaient et flottaient ici et là. C'en était trop. Gabriel remonta brusquement à la surface. Il passa ses mains sur sa figure, le souffle court.

 

L'ex professeur Sherwood, le regard menaçant, braquait une arme sur Gabe : [...]

« - Bien. Vous êtes quoi ? Flic ? Un acolyte de Broke ?

- Je ne connais pas de Broke et je ne suis pas flic. Je ne suis qu'un simple étudiant.

- Ah oui ? – Il le regardait d'un œil suspicieux.

- Je vous jure que c'est la vérité ! J'ai appris pour l'incendie et… j'ai eu envie de…

- Jouer à l'apprenti détective ? – Gabe ne répondit pas. – Félicitations, tu es plutôt doué. Tu es remonté jusqu'à moi et tu as découvert le cadavre dans mon placard. Seulement, les gosses comme toi devraient savoir qu'on n'entre pas dans la cour des grands impunément. Ceci n'est pas un jeu, mais la réalité. Et, navré de te le dire, trouver l'assassin ne suffit pas pour gagner. »

 

Sherwood, l'œil tuméfié, s'apprêtait à tirer sur Gabriel. Morgan leva les mains au ciel et appuya sur la gâchette de son P 38. Le bruit cinglant de la détonation qui suivit surprit le meurtrier :

« - Tirez ! Et la prochaine fois c'est vous que je viserai ![...]

- Gabe ? Ca va ? - Demanda ce dernier.

- Ca va. »

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« - Tu sais que tu as les rides de ton front qui se creusent quand tu t'énerves. Je trouve ça trop sexy.

Coi, Morgan resta muet un court instant.

- Ah oui… !

- Ouais.»

Immédiatement après sa réponse, la jolie femme aux cheveux bouclés embrassa tendrement son compagnon. Eleanor Elisabeth Saint-John était ce genre de femme qui ne s'embarrassait pas de longs discours, qui préférait agir avant que la chance ne tourne. C'était ce côté, « oublions les convenances », qui avait plut à Morgan lorsqu'il l'avait rencontré voilà deux ans. Aujourd'hui, ils parlaient de vivre ensemble et rien ne pouvait lui faire plus plaisir.

 

Il attrapa la veste en cuir posée sur son siège de bureau, éteignit la lumière et ferma la porte. C'est alors qu'il la vit, à l'autre bout du couloir, cette femme aux longs cheveux noirs, toute vêtue de blanc. Elle le regardait sans mot dire, l'air triste. Morgan rencontra son regard, d'un bleu profond, vibrant, hypnotique. Il se sentait bien, en harmonie avec le monde qui l'environnait. Puis, un voile noir s'abattit. Le froid, l'angoisse s'emparèrent de lui. Il se trouvait dehors, sous la pluie, et des éclairs zébraient le ciel. Une lumière vive l'aveugla, soudain. Il baissa la tête, pour constater qu'un mince ru de sang coulait le long de ses pieds. L'horreur que lui procura cette vision le ramena dans la réalité.

 

Debout derrière l'une des fenêtres de la cuisine, Morgan semblait hypnotisé par la ronde continuelle des gyrophares dont la lumière rouge venait se refléter dans la prunelle de ses yeux. [...] Cela faisait des heures maintenant, qu'ils avaient fait, lui et son frère, cette découverte macabre. Comment une telle chose avait-elle pu se produire ? Il aurait du agir, faire part de ses craintes à son entourage. Après tout, n'avait-il pas eu tous les éléments en main ? Mais il avait été trop stupide et son père avait péri. Tout ça par sa faute, sa faute à lui.

 

Morgan discutait avec Eleanor et Garret. Leurs paroles, pleines de réconfort, lui brisaient le cœur. [...] C'est alors qu'il prit la décision de leur parler, sans leur avouer pour autant les véritables raisons de ce départ si soudain :

« - Je ne sais pas comment vous l'annoncer, mais… Gabe et moi, nous partons. Je veux dire que… nous quittons définitivement la ville… ce soir même.

- Ce soir ? ! - Répéta Eleanor abasourdie. [...]

- Je dois partir, vous comprenez. C'est à cause… c'est à cause de mon père. [...]

- On a toujours le choix, Morgan. – Dit Eleanor d'une voix éteinte avant de se lever. »

 

« - Qu'est-ce que tu veux, Morgan ?

- Je t'aime et je ne peux pas vivre sans toi… Ce que tu m'as dit tout à l'heure était vrai, on a toujours le choix… Alors, viens, pars avec nous, avec moi… Viens…»

 

Morgan semblait réfléchir:

« - Dîtes-moi Fergus… Vous pensez que je devrais leur révéler toute la vérité ?

- Cette décision revient à vous seul. Mais, sachez qu'un jour ou l'autre, il faudra le leur dire. A mon humble avis, vous devriez d'abord leur laisser le temps de s'habituer à cette nouvelle situation, ensuite, vous ferez ce qu'il conviendra de faire. »

 

Eleanor cligna des yeux. Les rayons du soleil avaient envahi le salon et commençaient à l'aveugler :

« - Garret, tu ne veux pas me fermer ces rideaux ! Ca fait trois fois que je te le demande ! Ca devient vraiment agaçant ! ! [...]

- Tu t'es levée du pied gauche ou quoi ?

- Mais non… C'est tout ça. – Elle se leva et s'avança vers son ami. – On est debout depuis quoi ? Deux heures ? Et aucune trace de Morgan ou même Fergus. Tu pourrais penser qu'il aurait pu me laisser un message : mon cœur, je suis parti acheter des croissants, ne t'inquiètes pas, je t'aime. Mais non, rien ! J'ai tout quitté pour lui, sans poser de questions ! Tu ne trouves pas bizarre toi que ce soit des mercenaires qui assurent notre protection ? Peut-être qu'Ira faisait parti de la pègre ou quelque chose comme ça ? »

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Lawson

Une Jaguar noire, capote relevée, roulait sur Cross Road. Son clignotant gauche s'alluma et la voiture s'immobilisa le long de la ligne jaune séparant les deux voies afin de laisser passer les automobiles qui circulaient en sens inverse. Puis, elle traversa la chaussée avant de s'engager sous un large porche dont les colonnes étaient surmontées de deux aigles de pierres, ailes déployées. Le véhicule se parka dans l'allée centrale, face à une vieille bâtisse en partie recouverte par les Lierres. Sur la devanture, une enseigne indiquait : RESTAURANT – THE ROYAL EAGLE. La portière côté conducteur de la Jaguar s'ouvrit et Morgan en sortit. Il admira un instant le ciel étoilé, puis fit le tour de l'auto pour ouvrir à sa charmante compagne. Eleanor portait une robe d'inspiration orientale satinée, fendue de chaque côté jusqu'aux genoux, de couleur rouge sang et sur laquelle étaient brodées des lettres calligraphiées. Séduite par l'endroit si extraordinairement français, elle se tourna vers Morgan :

« - L'Aigle Royal… ? – Dit-elle d'un ton appréciateur. – Vous me gâtez cher Monsieur.

- Mais, je ne vis que pour vous servir chère Madame.

- Hum…C'est très agréable à entendre. Mais, tu n'étais pas obligé de faire tout ça.

- Je n'ai pas été très présent ces dernières semaines, alors… c'était le moins que je puisse faire. Et puis… tu raffoles tant de la cuisine française. – Il avait prit un air attendri en prononçant ces derniers mots.

- Qu'attendons-nous alors ? »

Eleanor s'accrocha au bras de son compagnon et tous deux se dirigèrent vers l'établissement français.

 

Appartement des Oswald

Une jeune femme blonde, cheveux relevés et retenus par des baguettes, vêtue d'un bustier noir à petites fleurs roses et d'un pantacourt en jean sur lequel reposait une rose sauvage, se tenait debout devant une carte météorologique de la Louisiane. Garret s'avachit un peu plus dans le canapé et soupira :

« - Pourquoi faut-il que toutes ces filles soient aussi canon ! Le célibat, c'est déjà assez dur comme ça…

- Pauvre Garret - Lui répondit ironiquement Gabe qui était installé dans le fauteuil de droite.

- Exactement, oui.

- Ce n'est pas en t'apitoyant sur ton sort qui tu vas changer les choses.

- Tu as raison ! – Garret s'était levé d'un bond. – Demain ! Je prends mon destin en main.

- Mfff… - Gabe avait du mal à se retenir de rire. – Ta vie amoureuse, ce serait déjà pas mal.

- Je ne vois pas ce qu'il y de drôle. – Renchérit l'anthropologue avec fierté. »

C'est à cet instant qu'on sonna à la porte. Fergus sortit de la cuisine et ordonna à son jeune maître de rester assis d'un geste de la main. Une petite blonde en débardeur blanc et en jean se trouvait sur le palier :

« - Bonsoir. Je suis bien chez Gabriel Oswald ?

- Bonsoir Mademoiselle... – Fergus étudiait la nouvelle venue d'un air impassible. – C'est exact. – Reprit-t-il toujours aussi imperturbable. – Qui dois-je annoncer ?

- … - Il est sacrement intimidant ce type   ! - Holly Jude.

- Monsieur Gabe. – Le majordome avait tourné la tête en direction des garçons. – Une certaine Mademoiselle Jude pour vous. – Gabe se leva immédiatement, passa une main dans ses cheveux frisottants et réajusta sa chemise. Mais pourquoi je fais ça moi ? Elle vient juste réviser, c'est n'est pas comme si… Il s'enleva cette idée de la tête.

- Faites-là entrer, Fergus.

- Mademoiselle. »

Le domestique s'écarta pour laisser passer leur invitée et referma la porte derrière elle. La demoiselle jeta un rapide coup d'œil au salon :

« - Wouaaah ! C'est le plus grand salon que je n'ai jamais vu… Du moins, dans un appartement.

- Tu sais, il n'a rien d'extraordinaire.

- Tu dis ça parce que tu es riche. Très, très riche. Mais crois-en une humble jeune fille comme moi, il est immense !

- …

- Alors ? – reprit la jeune fille, jugeant qu'il était préférable de passer à autre chose, vu le manque d'éloquence de son ami.

- Alors… Holly Jude, je te présente Garret. C'est le meilleur ami de mon frère.

- Salut. – Fit-elle en saluant Garret avec la main.

- Salut. – Le jeune homme lui avait répondu de la même façon à l'exception qu'il était resté scotché devant l'écran de sa télé. Sympa…

- Et puis bien sur… – Gabe s'était rapproché de Fergus. – L'homme qui t'a ouvert la porte, notre dévoué Majordome, Fergus.

- Ravie de vous connaître, Fergus. – l'homme inclina la tête.

- Mademoiselle Jude dînera-t-elle avec nous ? – Poursuivit-il à l'encontre de Gabe.

- Nous avons pas mal de travail. Alors, je pense que nous mangerons dans ma chambre.

- Comme il vous plaira, Monsieur Gabe. – Sur ce, Fergus prit congé des jeunes gens.

- Et si nous y allions ?

- Je te suis, Gabe.

- A plus, Garret. – Lança le garçon à son ami.

- Ouais, ouais. – Marmonna ce dernier toujours aussi absorbé par l'écran. »

Les deux étudiants traversèrent donc le salon pour rejoindre la chambre de Gabriel sous le regard de Fergus qui avait laissé la porte de la cuisine entrouverte. Il avait remarqué la réaction du jeune Monsieur Gabe lorsqu'il lui avait annoncé la présence de Mademoiselle Jude. Une chose était sûre, il savait juger les gens du premier coup d'œil. Cette jeune fille lui plaisait. Il avait tout de suite remarqué cette petite lueur qui brillait au fond de ces yeux. Une lumière vive, celle de l'intelligence.

 

Restaurant «  The Royal Eagle »

Le Royal Eagle était un restaurant céleste à l'atmosphère romantique, comme tout bon établissement français qui se respectait. Les murs étaient tapissés, jusqu'à mi-hauteur, d'un papier peint de couleur vert émeraude à l'aspect satiné. Quant à la partie supérieure, elle était crépie. Entre les deux, avait été posée une frise aux bordures dorées, représentant deux rangées d'anneaux en or entrecroisées. Installés à leur table, Morgan et Eleanor discutaient tranquillement :

« - Et tu penses que les travaux seront terminés d'ici quand ? – Demanda la jeune femme.

- Une à deux semaines, tout au plus. C'est du moins ce que j'ai retenu de ma conversation avec le chef de chantier. Mais… Je préfèrerais qu'on évite de parler travail, tu veux bien ? – Eleanor le regarda droit dans les yeux.

- Je meurs de faim, pas toi ?

- Garçon ! S'il vous plait ! – Qu'il pouvait aimer cette femme ! Elle continuait de la surprendre et ce toujours agréablement. A la seconde où il avait achevé sa phrase, elle l'avait compris. Elle n'avait pas cherché à tout analyser comme d'autres l'aurait fait. Elle était unique et il l'aimait pour ça.

- J'arrive dans un instant ! – Lui spécifia le garçon de salle. »

Morgan s'attarda alors sur la table à laquelle le serveur venait d'apporter une bouteille de vin. Trois hommes et deux femmes y dégustaient une bisque de homard. Le serveur ouvrit la bouteille et versa un fond dans le verre de l'homme qui se trouvait face à Morgan. Soudainement, sans qu'il n'eut le temps de comprendre ce qui venait de se produire, Morgan vit le visage de l'homme blêmir à une vitesse ahurissante. Puis, tout aussi subitement, ce même homme se retrouva allongé sur le sol, la tête sur le côté, les yeux grands ouverts et le visage déformé, comme pétrifié par une expression de terreur sans commune mesure. Morgan en eut un haut le cœur. Il sentit son esprit s'embourber, défaillir. Il avait l'impression que quelqu'un venait de lui ouvrir le ventre et que ce quelqu'un jouait avec ses tripes, encore et toujours, pour mieux les lui arracher par la suite. Mais ce n'était rien. Il n'était pas préparé, il ne pouvait être préparé à la vision qui s'imposa une nouvelle fois à lui alors qu'il perdait pied. Il y avait des corps, des corps à perte de vue. Tout le restaurant était jonché de ces hommes, femmes, enfants, qui dînaient encore, insouciants, il y avait à peine une seconde, là, juste à côté de lui. Morgan revint brusquement à la réalité, la panique ayant littéralement envahie son regard. En un éclair ses yeux avaient perdus tout leur éclat. Ils semblaient brisés, vidés.

 

Générique

 

 

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