Chapitre 4

 

Entrée principale

La Jaguar de Morgan s'arrêta devant l'entrée du bâtiment principal où l'attendait le jeune homme et son majordome. Eleanor passa sur la banquette arrière tandis que son fiancé s'installait sur le siège passager et que Fergus prenait place à ses côtés. Tout ce petit monde dans la voiture, Garret redémarra au quart de tour au moment même où Holly sortait de l'établissement en courant. Malheureusement pour elle, il était trop tard.

 

Librairie Samedi

Une femme d'une quarantaine d'années, un sac portant le nom de la librairie à la main, et son petit garçon de l'autre, descendit les quelques marches qui menaient à la place pour bifurquer à l'angle de celle-ci. Quelques secondes, à peine, après qu'elle ait disparu, un groupe de quatre personnes déboucha dans la ruelle par le même chemin. Eleanor fut la première à pousser la porte de la boutique, bientôt suivi par ses trois camarades. Morgan jeta un œil à droite puis à gauche afin de repérer l'arrière salle :

« Par ici. – Fit-il à l'encontre de ses amis. »

Aussitôt, ils partirent en direction de la remise. Willemmina, qui constata qu'ils se rendaient dans la zone réservée au personnel, quitta son comptoir afin de les retenir :

« - Cette partie est interdite au public ! Vous ne pouvez pas entrer !

- Si, on peut. – Répondit Morgan en tournant la poignée.

- Je vous préviens, je vais avertir la police ! – Beugla la gamine alors que les intrus passaient l'embrasure de la porte chacun à leur tour.

- Précisez-leur bien qu'on s'est débrouillé sans leur aide. Et désolé pour ça… - Fit Garret alors qu'il refermait derrière lui. »

La grande gigue fixa la porte close, l'air pantois. C'était bien la première fois qu'un vandale l'encourageait à appeler la police. Elle haussa les épaules et retourna derrière son pupitre.

 

 

Toujours inanimé, Gabe gisait au centre de l'autel. Les bougies, qui l'entouraient, avaient terminé de se consumer et la petite pièce était à présent plongée dans l'obscurité la plus complète. Des bruits de pas se firent entendre dans le lointain, bientôt accompagnés de murmures. Eleanor, dont la dernière excursion dans les sous-sols de la ville s'était soldée par de biens mauvais souvenirs, ne se sentait guère rassurée :

« - Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée…

- J'ai mon flingue, si ça peut te rassurer. – Fit Garret en agitant l'arme sous son nez.

- Face à la magie, je doute que ça fasse le poids.

- Ouais… Ben moi en tout cas, ça me rassure… »

Garret arrêta là son baratin. Morgan qui ouvrait la marche, venait de pénétrer dans la salle où la prêtresse vaudou se livrait à son culte. Il balaya l'endroit avec le faisceau de sa lampe torche et s'arrêta sur le corps qui reposait sur le sol :

« - Gabe ! – Il se précipita vers son frère et s'agenouilla à ses côtés. – Fergus, j'ai vu de veilles lanternes dans ce coin là. – Indiqua-t-il avec sa torche. – Vous pouvez vous en charger.

- Tout de suite, Monsieur Morgan.

- Gabe ? – Il posa sa lampe sur le sol et secoua son petit frère. – Allez Gabe, réveilles toi ! Gabe… Garret !

- Mouais, j'arrive ! »

L'interpelé se rendit vers son ami et l'aida à soulever son frère. Fergus remit à Eleanor l'une des lanternes qu'il avait allumé et celle-ci se dirigea vers la sortie pour prendre la tête du groupe. A peine venait-elle d'emprunter le tunnel qu'elle se figea sur place. Chandra Dusquênes se tenait devant elle, le regard noir. Eleanor recula de quelques pas pour se retrouver à nouveau dans la salle des rituels. Les trois garçons se regardèrent, surpris. La sorcière leur faisait à présent face. Ses yeux se posèrent sur Morgan :

« Toi… »

D'un geste de la main, elle créa une vague d'air qui éteignit les lanternes. Garret extirpa rapidement son révolver de son pantalon. Il se tenait ainsi prêt à toute éventualité. Morgan sentit quelque chose le frôler, puis un tourbillon de lumière apparut dans le fond de la salle. La sorcière s'y engouffra. L'aîné des Oswald enleva le bras de son frère qui était sur ses épaules et s'adressa à Garret :

« - Occupes t'en !

- Quoi ?! »

Il n'eut pas le temps de réaliser, que son ami s'était jeté dans le tourbillon. Il se referma juste derrière et les lanternes se rallumèrent comme par magie. Eleanor se tourna vers Fergus et Garret :

« - Quelqu'un a compris ce qu'il vient de se passer ?

- La sorcière nous a glissé entre les doigts et Monsieur Morgan s'est lancé à sa poursuite. – Résuma Fergus.

- Ouais, c'est tout à fait ça. – Confirma Garret en tentant de redresser Gabe dont les yeux s'ouvrirent subitement. – Putain ! – Lâcha l'anthropologue qui ne s'attendait pas à ça. »

Gabe attrapa alors son ami par la gorge et le souleva de terre. Il le fixait de ses yeux vitreux, comparables à ceux des zombis qu'il avait combattus dans son sommeil. Puis, il l'envoya valdinguer dans les airs comme il l'aurait fait avec une vulgaire babiole sans importance. Garret s'écrasa contre le mur et retomba inconscient. Eleanor et Fergus le regardaient avec effroi.

 

 

De la fumée, dense et irrespirable, s'élevait dans les airs. Morgan, un mouchoir sur la bouche et le nez, scrutait les environs dans l'espoir d'apercevoir la fugitive. Elle lui avait peut-être échappé la première fois, mais là, il était hors de question qu'elle y parvienne. Pas après ce qu'elle avait fait subir à son frère. Il repéra une forme mouvante et se jeta à sa poursuite, pour la perdre aussitôt. Un rire machiavélique résonna à travers tout le plateau ou quoi que pouvait être cet endroit. Morgan se figea sur place et regarda partout autour de lui :

« Montres toi ! – Hurla-t-il – A moins que tu ne sois trop lâche pour m'affronter !! »

En réponse, il n'eut que le retour de son propre écho, puis se fut le silence. Il distingua alors, à travers les volutes de fumée, cette même forme qu'il pourchassait et qui semblait cette fois-ci l'attendre. Il se précipita vers sa position, mais à son arrivée, elle avait à nouveau disparue. La voix de la sorcière résonna à son tour :

« - Crois-tu être de taille à m'affronter ?

- Je me suis amélioré depuis la dernière fois !

- Oui… Et tu t'amélioras encore et encore et encore… Je sais qui tu es et ce que tu fais ici. Et je ne te laisserai pas la reprendre. Jamais !

- De quoi parlez-tu ?

- L'ignores-tu ?... Intéressant…

- Ecoutes ! Je ne suis pas là pour jouer au chat et à la souris, ni aux devinettes ! Je veux savoir ce que tu as fais à mon frère et te mettre hors d'état de nuire.

- Ton frère… - La voix venait subitement de changer d'intonation. Elle avait perdu tout ce côté dédaigneux qu'elle arborait jusque là. – Ce n'est pas moi ton véritable ennemi. »

A ces mots, une étrange lueur passa dans le regard de Morgan.

 

Chapitre 5 >>> >>>